Tuesday, April 05, 2016

Complainte du boulanger

Un matin en Vendée, souvenirs de J. Brel...
Octobre 2015.

Ce matin le soleil tarde un peu à lever.
De lourds nuages noirs ne cessent de pleurer.
De la lande au ponant l’horizon est zébré,
L’océan est en rut, en fureur, déchaîné.
Au bas de la falaise, les embruns affolés,
Tout comme des lucioles, se brisent par milliers.
La mer roule ses galets …

Du haut de la corniche l’esprit est fasciné.
J’admire l’océan, en colère, défoulé,
Ses vagues qui du large viennent là se briser
Font un tel vacarme, mon cœur va se briser.
Nous sommes en octobre, je compte les années.
Il y a longtemps déjà que tu nous a quittés
La mer fait hurler ses galets, le phare de saint Gilles
Au bout de la jetée, cerbère imperturbable
Continue de tourner,la pâte à pain presque levée,
L’horizon flambe foudroyé..

Un ciel un peu moins sombre semble se profiler
Quelques rayons timides arrivent à percer
Depuis bientôt une heure le pain du jour est enfourné
La mer gronde sans arrêt en plaintes longues désordonnées.
Les brumes, les ténèbres de l’enfer tourmenté
Comme par enchantement ont l’air de se lever.
La fureur des cieux est prête à renoncer ,
Les colères d'automne pour un temps apaisées.
Les lumières de saint Gilles se meurent de briller,
Depuis quelques minutes, le pain, a fini de lever
La mer, continue de gronder ...

La tempête faiblit, le soleil va percer .
L’aurore chasse la nuit des démons fatigués,
Et les relents de brume quasi évaporés,
Sur fond de ciel blafard, d’horizon concentré.
Le phare de saint Gilles commence à fatiguer
Il est bientôt huit heures le pain, commence à bien dorer ...

La mer, est prête à s’apaiser, un ballet de marquises
Silhouettes élancées, dansent une valse
Aux milles temps endiablés.
Couvertes de parures aux reflets vert-bleutés
Les Caraïbes alors de loin sont dépassées.
Parlent-elles de mort au soleil redouté,
De fruits, de chevaux blancs, sans hiver, sans saison, sans été.
Ses reflets se dispersent, le phare de saint Gilles
A fini de briller...

La tempête se meurt, le jour enfin levé.
Elle aussi est soumise... Où sont les alizés,
Et les femmes lascives, je n’ai pas oublié.
Trente huit ans bientôt que tu nous a quittés.
Bientôt trois heures de four, le pain est bientôt prêt...


Les marins sont au port, nous sommes en Vendée.
Le phare de saint Gilles de la Chaume à Sauzaie
N’est plus qu’une balise pour marins égarés.
Sur la tombe de Jacques poussent des orchidées
Qui ne fanent jamais …
Plus ne sert de pleurer, le pain nouveau est arrivé
La mer, caresse ses galets.

Maître Jacques a fini de chanter, là bas, il se repose,
Il a pour lui l’éternité !

Sunday, April 03, 2016

LETTRE A MYLENE

Au cimetière, jour des morts...

Un homme pleure devant la tombe,
Le jour finit, la lune est claire ,
Les feuilles mortes en très grand nombre,
De ce tombeau couvrent la pierre .

Le petit vent froid de Novembre,
Souffle une brise très légère
Au royaume glacé des ombres ,
Qu’imagine le solitaire.

Le granit est lui impassible,
Aux pieds de l’homme un peu voûté,
Longue silhouette, là immobile,
Que rien ne semble déranger.

La nuit, qui vient, qui se profile,
Le vent, le temps, ont ignoré
La douleur de l'être fragile,
La terre semble se figer.

Plus rien ne bouge hors la lune
Les larmes sèchent sur les cernes,
Visage creusé, pâle, taciturne,
Aux contours de la peau terne.

Sous cette pierre fosse commune,
Où sanglots jamais ne parviennent,
Un petit être, enfant posthume,
Ange que la vie a voulu vaine,
Repose pour l'éternité.