Là,
Assis sur le sable blond d'une grève bretonne
Oisif, face à l'horizon le ressac fredonne
Calme, tel un immense lac, la mer sembl' inerte
Triste, nul ici ne vaque, la plage paraît déserte
Curieuse, cette faible musique, tel un blues lancinant
Berce, une mélancolique vague de sentiments…
Au loin, j'ai vu un dauphin bleu bondir hors de l'onde
Surpris, un et puis deux en ces eaux peu profondes
Jouant, chassant quelques fretins, quelques petites proies
Venues, insouciantes du festin offert, aux squales maintenant trois
Déjà, fuyaient mes quinze ans, naissaient de vagues pressentiments
Hier, non il y a si longtemps, où donc sont les festins d'antan?
Ainsi, tout comme les amours, les passions juvéniles
Les beaux dauphins agiles, partis, pour … toujours?
Oui, déjà je savais qu'un jour, l'on ne reverrait plus
Ces langoureux ballets, rituels, auxquels je songe ému
Près du fort bloqué…
Fantômes du passé, disparus, oubliés,
Qui sait, où sont allées, amourettes frivoles,
Brèves et tourmentées aux creux des herbes folles
Éphémères mirages aux accents de naufrage
Et les beaux dauphins bleus près du fort cerné
Las,
Je n'ai pas oublié, nostalgie, vanité...
Reste la poésie de ces moments finis
Tout comme mes bleus dauphins
Ou tel Jules Romain
Où êtes vous Verlaine
Rimbaud, Apollinaire
Les abîmes profondes ont-elles fait de vos vers
Une plainte lointaine requiem des mondes
Où les haleurs cloués ont des sanglots de peine
Où les chiens insomniaques et les singes mal vêtus
Hurlent comme des canaques aux accents Baudelairiens
De vous, ne reste t-il rien ?
Êtes vous là rendus
Où poètes parvenus
Aux vers dont le sens
Ont pour qui un peu pense
On ne sait quels talents
Sauf de plaire au snob
Qui tirent à pile ou face
A qui offre son cul
Sans doute là où Vian
N'aurait pas mis son zob
Ni Rimbaud sa vertu,
Où rappeurs rapaces
Pour causes perdues
Agitent leurs menaces
Au mépris du talent
Où donc êtes vous tous?
Tout comme mes dauphins
A jamais disparus?
Non, car il en est encore des diseurs de fortune
Des conteurs de talent qui ne courent pas la thune
Il est en ce royaume des poètes au cœur d'or
Des chanteurs de psaumes aux merveilleux accents
Qui défendent des causes sans cracher haineusement
De bien crasseuses proses
Qui eux savent et osent
Talentueusement !
Seront t-ils entendus,
Seront t-ils un jour lus?
Il reste des dauphins
Tout comme des poètes
Inconnus, oui peut-être
Mais si vous cherchez bien….
No comments:
Post a Comment